Un exemple de l'art du conteur

Couverture du fascicule
Le fascicule où a été publié le conte en séquences.

Voici un brin de l'art d'Aliasim : on trouvera à la fin des récits le conte « Intelligence et Malice ».
On présente deux versions, une littéraire et l'autre textuelle. La traduction littéraire on la doit à Zakari Tchagbale, un Tem de Kadambara - village de la Préfecture de Tchaoudjo - professeur de linguistique à l'université d'Abidjan et de Kara, au Togo. Du même texte on présente un tableau synoptique, avec le Tem et le Français.
Le lecteur peut comparer cette traduction littéraire, avec l'autre traduction du même récit, plus textuelle, qu'on trouve juste au dessus de la table synoptique. Comme on l'a souligné plusieurs fois notre traduction des récits vise à sauvegarder une partie de la saveur de l'oralité, de l'art du conteur, des images utilisées, des structures du texte tem.

Pour une meilleure compréhension du récit, le texte a été découpé en séquences. On trouvera donc, d'un côté, les séquences tem et, en face, la traduction française. Le découpage du texte et la traduction ont été réalisés par Zakari Tchagbale.
Puisque le conte est composé de deux thèmes qui font l'objet de deux contes, on avait pensé les séparer en deux unités.
Zakari Tchagbale, en lisant le document, a suggéré de laisser le conte tel quel, en ajoutant : « L'association des deux thèmes est cohérente. Le conte met en scène les oppositions de classes d'âge. Une opposition entre vieux et jeunes, les vieux se disant plus sages parce qu'ayant vécu plus d'expériences que les jeunes, une opposition entre mères et filles quand celles-ci, à l'adolescence découvrent leur féminité et partagent les mêmes secrets que leurs mères ».
Les textes proposés ici montrent que certains de ses récits traitent des thèmes non habituels qu'on ne trouve pas ailleurs.

Dans les différentes séances souvent on traite les mêmes problèmes. En fait les récits ne sont pas les mêmes, mais des variantes sur des thèmes récurrents. Les conteurs sont différents, mais ils puisent tous dans la même tradition, et celle-ci n'est pas intarissable. D'ailleurs les problèmes évoqués sont pratiquement toujours les mêmes : manque d'eau, rapports conflictuels avec les Peuls, relations difficiles entre co-épouses, entre l'homme et l'univers mystérieux de la brousse, problèmes liés à la chefferie, la communauté des chasseurs et ses règles, les petits, les faibles, qui se jouent des grands, des puissants, etc.

Aliasim et sonr regard
Le regard d'Aliasim.

N'oublions pas que le « réservoir » de la tradition offre au conteur de multiples possibilités au moment où il construit son récit. C'est à chaque narrateur de faire revivre cette matière d'après son génie et son art. A l'intérieur d'un même récit, chaque conteur a une grande marge de liberté et de mouvement. Les séquences peuvent être organisées de façon complètement différente en fonction des talents du conteur, du contexte où le récit est narré, des préoccupations et du but poursuivi par le conteur.
La séance peut être comparée à un microcosme où l'on traite les problèmes, les conflits et les situations qui se vivent au village. Les matériaux sont traditionnels, mais l'actualisation et le message qu'on veut transmettre, a ses racines dans le présent.

Et c'est ici qu'Aliasim montre tout son art. Il utilise des micro-séquences qu'on trouve dans différents contes et les organise pour bâtir ses histoires et proposer des messages forts. En plus de Intelligence et Malice voir aussi Lièvre et Porc-épic qui s'entretuent à cause de leurs ruses, Léopard et Panthère incapables de partager, la mort de Biche royale et les conséquences funestes pour le village, Les Prisonniers du trou et comment les les "sauvés" remercient leur libérateur.

A côté des textes la couverture du premier fascicule de contes Tem-Kotokoli -La fille à la main coupée - avec la photo de Aliasim en compagnie de Saïbou Zakari, dit Avocat, Saïbou Bassafou Idjossena, Pauline Bamélé, Saybou Sebabe Giagafo. Le texte qui a donné le nom au fascicule, un chef d'oeuvre d'Aliasim, on le trouve sous le nom de Le don de Mamiwata.