La magie du Verbe et l'art des conteurs

Faty Koli entourée d'amis et conteurs
Faty Koli entourée d'amis et dec onteurs

Ces testes ont été traduits par Afo Larey et moi-même. Un mot sur la traduction. Comme dans les autres récits collectés et traduits, nous avons essayé de conserver les caractéristiques et la saveur de l'oralité: style, images, phrases idiomatiques, astuces du conteur, répétitions, idéophones, etc.
La traduction peut paraître, parfois, rudimentaire, tortueuse, désagréable a l'oreille, surtout pour un lecteur non habitué au français d'Afrique.
On présente des textes presqu'à l'état brut, avec une traduction textuelle qui se situe à mi-chemin entre la traduction littérale et la traduction littéraire.
Les noms des personnages, des acteurs, sont en majuscules et au masculin sans article, même s'ils sont parfois de genre différent en français, par exemple : Araignée, Tortue, Crapaud, Caméléon, Poule, Pintade, etc. Ainsi on n'écrira pas « la tortue », « le crapaud, », « l'araignée », « le caméléon », mais : Tortue, Crapaud, Araignée, Caméléon, Singe, Scorpion, etc. On lira donc : « Araignée est assis », et non « assise ». Parfois, pour des raisons grammaticales, on laisse le genre féminin.
Les conteurs ne donnent pas de titres aux récits. Les titres sont ajoutés comme des éclairages du texte pour en faciliter la compréhension.
On ne doit jamais oublier qu'un texte écrit ne peut rendre les effets stylistiques, les éléments phoniques, verbaux et mimiques du conteur.
Par exemple la chaleur des salutations.
Chaque conteur commence son conte en saluant les autres conteurs et le public, avec des formules variées, étoffées, colorées, selon les circonstances.
A son tour, à la fin de son récit, le conteur est remercié et salué avec des formules codées, mais aussi spontanées, en lien avec le contenu du conte.

Taminou à l'oeuvre
Taminou - au centre - en pleine performance

D'autres éléments aussi ne peuvent pas être rendus dans le texte écrit : verve, ton de la voix, sourires, gestes, mélodies des chansons, silences, attentes, mouvements du visage et du corps, pas de danse, son du tambour, des clochettes, où tout simplement d'un bidon, accompagnant l'émission du conte.
Pour mieux visualiser son récits dès fois le conteur se lève et il se met à le mimer, le danser.
On ne pourra jamais ni transmettre ni faire goûter au lecteur le milieu, l'ambiance, le climat de fête, l'atmosphère dans lesquels les contes sont racontés.
La séance de contes est une fête, une fête villageoise de haut niveau. Ce sont des retrouvailles où tout le monde a un rôle actif, adultes et enfants.
On est réuni pour se divertir ensemble, pour participer au jeu, s'amuser. Tous les présents y participent, chacun à son niveau.
Le conte est visualisé, représenté, joué devant des acteurs qui voient le spectacle se dérouler devant eux, qui réagissent et qui jugent la qualité de la performance, par des réactions bruyantes et vivantes: cris, explosions de rires, chansons, approbations à haute voix accompagnées d'applaudissements prolongés, félicitations aux conteurs, danses, commentaires à n'en plus finir… Ainsi le conte, sorti de son contexte, perd une grande partie de sa beauté, richesse, saveur.
On a réduit des textes vivants, produits devant un public, à des textes écrits, inanimés, sans vie. Ce qui est offert ici, c'est uniquement l'histoire et son message