Le nom même de « poids d'or » exprime la beauté mais c'est en même temps une appellation trompeuse. Les poids eux-mêmes ne sont pas fait d'or mais de cuivre et de tout alliage possible, ce qui permet des couleurs diversifiées. Ils sont quand même appelés poids d'or du fait même qu'ils sont utilisés pour peser l'or. Or l'or doit être pesé avant de pouvoir servir de mode de paiement.
En Afrique, avant 1900, il n'y avait pas de devises en circulation sous forme de billets et de pièces. L'argent pouvait être n'importe quoi, de la poudre d'or ou des cauris, du bétail, des fruits, du sel ou autre chose, pourvu que ce puisse être échangé contre quelque chose d'autre. Bien sûr avec l'or il était possible d'acheter tout ce qu'on voulait. Partout, par exemple, on pouvait obtenir une vache au marché pour une livre d'or. Si un client montrait son intérêt à telle affaire, le vendeur sortait sa balance et y déposait sur un des deux plateaux un poids d'une livre ou deux d'une demie livre. Ensuite l'acheteur déposait à son tour sur l'autre plateau de la balance de la poudre d'or ou des pépites jusqu'à ce que les deux plateaux soient en équilibre.
On concluait ainsi le marché. Si l'acheteur doutait de l'exactitude des poids du vendeur, il pouvait ou bien utiliser ses propres poids sur la balance du vendeur ou bien insister pour que la pesée se fasse aussi sur sa propre balance. En pratique ce n'était généralement pas un grand problème car le vendeur n'avait aucun intérêt à acquérir une réputation de tricheur. Malgré cela, une simple transaction pouvait nécessiter beaucoup de temps pour la simple raison que l'acheteur et le vendeur débattaient longuement sur le poids, le prix et la qualité de la poudre d'or.
Il existe un grand nombre de théories concernant le système des poids. Certains pensent qu'il est basé sur les graines de la baie rouge Abrus précatorius. C'est certainement vrai pour la pesée de très petites quantités mais étant donné que les graines s'allégent quand elles sèchent, il est peu probable qu'elles aient également servies de base pour la pesée de grosses quantités. Différentes influences extérieures ont laissé leurs traces dans le système des poids comme la mitkal et l'once musulmanes (4,4 grammes et 27,0 grammes), utilisées dans le Soudan occidental, l'once portugaise (28,35 grammes) et l'once Troy (31,1 grammes).
Depuis les temps anciens, les fondeurs d'or demeuraient et travaillaient dans la capitale, dans un quartier séparé. Ils formaient une classe qui bénéficiait de privilèges spéciaux : ils pouvaient porter des bijoux d'or et étaient exonérés de tout travail pénible. Le métier de fondeur d'or n'était exercé que par les membres de familles spécifiques, qui formaient une sorte de fraternité. Le fils succédait généralement au père ou parfois le neveu à l'oncle. Le fondeur d'or était une personne estimée, car il savait manier le feu. Aussi des pouvoirs spéciaux étaient attribués à lui-même et à ses outils.
Il existait deux sortes de fours. L'un était un cylindre d'argile très épais, l'autre était un seau en fer renforcé
à l'extérieur d'une couche de ciment. Au fond des deux formes il y avait des trous faits pour les embouchures des soufflets.
Le fondeur d'or ne commençait jamais directement son travail. D'abord il se lavait bien, puis priait et plaçait des
offrandes près des soufflets. Alors seulement il se mettait au travail du moulage des poids d'or ou de leurs accessoires :
les balances, les cuillères et les boites à rangements. Tous ces objets étaient fabriqués selon la méthode de la cire
perdue.